Né en France. Il suivit de 12 à 17 ans un apprentissage rigoureux du dessin (de l’inanimé au modèle-vivant) dans une école municipale. En parallèle, il regardait de près tous les signes, les plans, les schémas des réseaux de transports tant à l’échelle des agglomérations où il était amené à passer, que nationale, par le truchement des gares et leur signalétique, ayant le bonheur de voyager en train, sans oublier les diagrammes et autres représentations de données auxquels il était sensible. Il aimait autant les cartes topographiques au 1/25 000 qui lui permettaient de se projeter ailleurs, dans des paysages lointains (de préférence urbains), que les remarquables cartes schématiques des réseaux de la SNCF et du RER1. Il commença à collecter vers 12 ans, de manière semi-systématique, les plans de réseaux de transports publics demandés par retour de courrier.
Son rapport au design resta longtemps presque exclusivement livresque, nous sommes là avant l’accès massif à l’internet et bien avant que le réseau soit aussi prodigue. Sautant d’une référence à l’autre, il trouvait beaucoup d’impasses, il n’avait aucun Virgile en cette matière. Ses intérêts allaient de la géographie humaine aux schémas de physiologie, entretenus par une forte appétence pour la lecture.
Il y a dans tout cela les prémices de sa pratique future, — ce qui peut être facile à voir rétrospectivement, mais est une autre histoire vécue.
Après un bac Littéraire spécialité Mathématiques (ancien A1), il est admis aux Beaux-arts de Nantes en propédeutique. Il se rend vite compte que le curriculum ne lui correspond pas et cette année sera une propédeutique de vie. Souhaitant se consacrer au design graphique et pour cela commencer par apprendre à manier les variables visuelles fondamentales, c’est à dire « commencer par le commencement », il passe alors le concours d’entrée de l’ESAD (École Supérieure d’Arts et de Design, anciennement Institut d’Arts Visuels) une autre école supérieure d’art, affichant une franche orientation vers le design, à Orléans, une ville qui lui était inconnue. Il est admis et après une nouvelle propédeutique, cette fois dévolue aux arts visuels, au début de la 2e année il s’épanouit en découvrant le dessin vectoriel informatique et ses potentialités. Il reste beaucoup de chemin à parcourir mais une voie s’esquisse. Après avoir obtenu un DNAT (Diplôme National d’Arts et Techniques) design graphique, avec félicitations, sachant qu’il n’en a pas fini, il passe devant une commission et est admis en cycle long. Il obtient ensuite un DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) communication visuelle, avec félicitations. Il est sélectionné l’année suivante pour participer à la manifestation La création issue des écoles d’arts – Mulhouse 005.
Suit une période d’interrogations, il n’est ni attiré par la publicité ni par la « com’ », ce n’est pas cela qui l’a poussé vers ces études. Il sait qu’il existe d’autres facettes, d’autres angles d’approche du design graphique qu’il a vu traité différemment. Il se sent en affinité avec l’école d’Ulm (HfG), avec les scènes graphiques suisse et nord-italienne des années 1960-1970. Aussi, il n’est pas question de décorer, il veut répondre à des problèmes donnés par le biais de la syntaxe graphique, il veut clarifier et non concourir à l’obscurcissement.
Ce n’est donc peut-être pas une coïncidence si c’est une agence fondée et dirigée par un designer italien formé au Politecnico di Genova qui lui répond favorablement suite à une candidature spontanée fin-2006. Commencera une collaboration de près d’une décennie avec l’agence ATTOMA, dans le domaine du design d’information pour les transports publics. C’est dans ce contexte qu’il a naturellement conjoint son intérêt pour la représentation de l’information (se rappeler tant les schémas de biologie que la façon de représenter les horaires qu’il aimait observer) et pour les cartes, dans l’exercice délicat et toujours contextualisé de la représentation des réseaux de transports collectifs.
Ils obtiennent un prix de l’APCI – une Étoile de l’Observeur du design2 – en 2012 pour le travail effectué pour les transports publics de Lyon (restructuration de l’ensemble de l’information voyageurs des TCL, ce qui impliquait la création de nouveaux plans, de nouvelles solutions), après avoir été nominés en 2009 pour un travail d’envergure plus modeste pour Belfort (qui n’est plus visible).
Il présente ce travail à l’Université d’Essex à Colchester en 2014 au congrès Schematic Mapping. Fin-2014 il présente les relations design/cartographie des transports à l’EHESS sur l’invitation du professeur A. Musset. Il a présenté un de ses derniers projets à l’édition 2022 de Schematic Mapping (Ruhr University-Bochum). Invité par son confrère Jug Cerović, il était présent au Transit Mapping Symposium à Madrid, en octobre 2022.
Il a traversé à partir de 2015 une crise qui l’a amené, au cours de 2017, à se reconnecter à Lisbonne, sa seconde ville (il a la nationalité portugaise), où la lumière est si abondante et peut être si dure, qu’il la mesure à la qualité des ombres, comme il avait appris à évaluer les nuances de gris en dessinant au fusain ou à la mine de plomb, sous les auspices d’un ancien pensionnaire de la Casa de Velázquez, dans l’école municipale de son adolescence.
À partir de 2020 il entreprend un travail de rédaction critique du corpus cartographique qu’il a constitué, qui contenait alors près de 850 pièces individuelles (hors atlas), d’Europe et d’Amérique du nord, de 1853 à aujourd’hui. Certaines des pièces qui avaient été rencontrées dans les ouvrages d’histoire du design de son adolescence et de ses études, sous formes d’images de quelques centimètres de côtés, et dont il rêvait, ont finalement été glanées au gré des rencontres rendues possibles grâce aux mutations des technologies de l’information (lui permettant d’accéder à d’innombrables bouquineries et plate-formes de ventes aux enchères).
À l’heure actuelle, il rédige les notices de cette cartothèque qu’il continue à alimenter et qui comptait 40193 pièces lors de la dernière mise à jour.
Il travaille toujours en tant qu’indépendant et est disponible pour consultation.
U. Meremucci
Notes
1 Ces deux schémas ‒ notables pour la qualité et l’originalité des réponses formulées face aux épineux problèmes posés ‒ sont présentés dans trop peu d’ouvrages sur le design. La « carte du réseau voyageurs » de la SNCF était, dans une version actualisée (fond gris), en usage et présente sur les plateformes des voitures corails jusqu’en 2011. Il est à relever que ces voitures sont le fruit du travail de Roger Tallon, qui avait commissionné Rudi Meyer pour réaliser la carte dans le cadre d’un projet monumental de design global pour la SNCF au milieu des années 1970. R. Meyer avait aussi créé la 1re carte du réseau RER (sur fond noir, superbe et d’une grande clarté), en usage de 1977 au début des années 2000. Il est peu connu que Massimo Vignelli a été consultant lors de la genèse de la carte du futur réseau RER.
2 Agence pour la promotion de la création industrielle. L’Observeur du design, prix français du design, récompensait chaque année les réalisations les plus emblématiques des designers et entreprises français et étrangers. Ce prix s’inscrivait dans le cadre des politiques de l’État. Il était reconnu par le ministère de l’Économie et des finances et le ministère de la Culture.
3 Dont 67,6% sont liés aux réseaux de transports collectifs (décompte hors atlas, juin 2025).